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théories de l'apprentissage #

Le contenu de la page

  1. savoir et connaissance
  2. des conceptions différentes
  3. modèles d’enseignement et principales théories de l’apprentissage
    1. transmissif
    2. behavioriste
    3. constructiviste
    4. socio-constructiviste
    5. motivation

Comment apprend-on ? C’est bien évidemment la question essentielle.

Précision sur l’utilisation des mots « savoir » et « connaissance » :

Le savoir, selon le Trésor de la langue Française informatisé est « l’ensemble des connaissances d’une personne ou d’une collectivité acquises par l’étude, par l’observation, par l’apprentissage et/ou par l’expérience » .
C’est une communauté qui érige un ensemble de connaissances en savoir (académique), savoir  qui sera enseigné.
La connaissance est singulière, propre à la personne. Même acquise à la suite d’un savoir enseigné, elle varie en fonction des individus, de leurs représentations. Nous avons tous des connaissances différentes sur un même savoir.

Un savoir est lié à une communauté, une connaissance à un individu.

Voici une présentation rapide et très simplifiée de quelques théories importantes de l’apprentissage et de modèles d’enseignement. Elle a pour seul objectif de resituer rapidement les différents courants dans le domaine de l’apprentissage.
Ces théories cherchent à expliquer les processus d’acquisition des savoirs.

des conceptions différentes

le savoir, ça se transmet

L’enseignant dispense le savoir de la façon la plus claire et accessible possible ;
L’apprenant se doit d’écouter attentivement et de comprendre le message ;
Le procédé utilisé pour la transmission est le cours magistral, la leçon. C’est la méthode la plus courante.

le savoir, ça s’acquiert

L’enseignant présente le parcours, les étapes, donne les consignes à suivre, dirige les apprenants ;
L’apprenant doit suivre les instructions et fournir un travail personnel ;
La méthode favorisée est le cours et le travail individuel (fiches,livrets programmés…).

le savoir,  ça se construit

Le rôle de l’enseignant consiste à proposer des situations problèmes, à aider les apprenants dans leurs démarches de résolution ;
L’apprenant doit être capable de chercher, d’être créatif, de mobiliser ses savoirs, de coopérer ;
Le processus d’apprentissage se base sur la résolution de problèmes et la réalisation de projets.

modèles d’enseignement et principales théories de l’apprentissage

le modèle transmissif

la théorie

Cette conception est héritée des pédagogies traditionnelles. Elle fonctionne « spontanément » et est rarement formulée : l’enseignement dispense un savoir qu’il transmet par la parole et qui s’imprime directement dans le cerveau d’un élève qui écoute et qui copie (auditorium-scriptorium). Elle s’apparente au modèle de communication de Shannon et Weaver (communication télégraphique) dans lequel la communication est une transmission d’information.
« Un émetteur, grâce à un codage, envoie un message à un récepteur qui effectue le décodage dans un contexte perturbé par un bruit. »

source –> message+bruit –> codage –> décodage –> message –> destinataire

le modèle d’enseignement

C’est celui que l’on rencontre le plus fréquemment dans l’enseignement. C’est la pédagogie dite traditionnelle.

les présupposés :

– le principe du vase vide qu’il faut remplir ;
– les élèves n’ont pas de conceptions personnelles du sujet traité, ou s’ils en ont, elles sont considérées comme parasitaires ;
– le savoir transmis n’est pas déformé ;
– le savoir abstrait est directement assimilable.

l’enseignement :

L’approche est centrée sur la prestation de l’enseignant qui doit transmettre le savoir à travers un discours clair, le rendre enseignable en se basant sur des progressions. La transmission passe par le cours magistral, une bonne réception par un effort d’attention et de compréhension.

le modèle béhavioriste

la théorie

L’hypothèse centrale est l’étude, comme pour une science naturelle, de ce qui est observable. (début du XXe siècle). L’objet de la psychologie behavioriste (Watson, Skinner) est l’influence de l’environnement sur les comportements. L’homme n’est que le résultat des conditionnements qu’il subit de son milieu et auquel il réagit. Le cerveau est considéré comme une boîte noire dont on ne peut rien connaître. L’étude de ses mécanismes internes ou de processus mentaux non observables ne fait donc pas partie des préoccupations du behaviorisme.
C’est par un conditionnement externe que l’on peut changer un comportement (influence des travaux sur le conditionnement animal de Pavlov) et le renforcer de façon positive ou négative (conditionnement opérant) pour obtenir les réponses et comportements attendus.
Tolman, béhavioriste « déviant », a défendu le besoin d’organiser des possibilités d’explorations libres lors des situations d’apprentissage.

le modèle d’enseignement

les présupposés :
– un savoir complexe est un empilement d’éléments simples : le tout est la somme des parties.
– la progression du simple au complexe est une progression linéaire.
une action qui provoque des conséquences bénéfiques s’ancre durablement ou disparaît si celles-ci sont négatives.

l’enseignement :

L’apprentissage apparaît comme la modification durable du comportement due à un entraînement particulier, par le renforcement positif de comportements attendus . On considère que l’élève a acquis une connaissance s’il donne la réponse espérée à la suite de stimuli extérieurs particuliers. Si ce n’est pas le cas, l’enseignant revient sur la notion jusqu’au comportement attendu  qui témoigne de l’assimilation par l’élève.
Le modèle behavioriste a permis l’apparition de l’enseignement programmé  et des machines à enseigner ainsi que de la pédagogie par objectifs, une  méthode pédagogique construite rationnellement. On ne s’intéresse qu’aux comportements observables (manifestation externe d’une activité interne). Tous les comportements à apprendre,  tous les savoirs, toutes les compétences à acquérir sont définis à priori, étapes par étapes, et déclinés en termes d’objectifs généraux et opérationnels.

Le sens des apprentissages peut se perdre rapidement pour des apprenants qui ont des difficultés à s’investir dans les tâches proposées.

le modèle constructiviste

la théorie

Le constructivisme est une théorie du courant cognitiviste.
Celui-ci, contrairement et en réaction au behaviorisme, privilégie l’activité mentale de l’individu et s’intéresse aux mécanismes internes qui permettent l’apprentissage et la connaissance. Il abandonne l’idée du simple conditionnement comme explication de l’apprentissage. Il naît avec l’apparition de l’intelligence artificielle (années 1950). Ce sont les processus mentaux à l’origine du traitement complexe de l’information (la perception, les mémoires), de sa transposition en connaissances, de la mobilisation des ressources lors de la résolution de situations nouvelles qui sont étudiés. Cependant, le rôle de la motivation n’est pas pris en compte dans les apprentissages.

La théorie constructiviste (Piaget) s’intéresse au processus d’apprentissage et à l’épistémologie (nature des connaissances). Elle est fondée sur le postulat que les connaissances ne se transmettent pas verbalement mais se construisent par l’apprenant. Leur acquisition est le résultat d’une activité mentale de l’individu en réponse aux sollicitations et aux contraintes de son environnement. (intégration de données nouvelles, réorganisation des connaissances, modification des conceptions initiales, adaptation à des situations inédites…).
Elle passe donc par la transformation des informations reçues par l’apprenant à travers ses expériences et ses connaissances préalables. Quand il y a obstacle, l’apprentissage apparaît (conflit cognitif).

le modèle d’enseignement

les présupposés :
– l’apprentissage résulte de constructions mentales de l’apprenant ;
– c’est en agissant (résolution de situations problématiques nouvelles) que l’on apprend ;
– quel que soit son âge, l’esprit n’est jamais vierge,  » une table rase ou une cire sans empreinte ».
– les représentations initiales doivent être prises en compte ;
– les connaissances ne s’acquièrent pas par simple empilement mais par un mécanisme de transformation d’une organisation interne existante (assimilation, conflit cognitif, accommodation,  équilibration).

l’enseignement :
– l’apprenant est placé devant un obstacle (situation-problème) qui révèle certaines de ses insuffisances et le déstabilise ;
– l’enseignant favorise l’interaction et la collaboration entre les apprenants ;
– il apporte son aide, reformule, synthétise, guide puis transmet un savoir formel qui a du sens parce qu’il répond aux  questions qui se posent.

L’apprentissage
– il part de l’acquis des apprenants : pour affronter l’obstacle, l’élève mobilise les savoirs qu’il maîtrise ;
– les manques, les limites et l’inconfort ressentis, la curiosité font naître des besoins ;
– il doit revoir le système de résolution utilisé, le restructurer et aussi acquérir de nouveaux savoirs ;
– la transmission magistrale du savoir par l’enseignant répond aux demandes et besoins formulés ;
– l’entraînement, les confrontations à d’autres situations similaires permettent l’intégration des nouvelles connaissances ;
– l’élève est responsable de ses apprentissages

Cette démarche qui confronte l’apprenant à une situation problème amène une instabilité qui favorise une réorganisation des connaissances déjà élaborées et/ou l’intégration de nouvelles. L’apprenant peut malgré tout ne pas s’impliquer dans des situations problèmes proposées par l’enseignant et qui ne le motivent pas forcément.

le modèle socioconstructiviste

la théorie

Le socioconstructivisme (Vygotski) est une théorie constructiviste (l’acceptation et la résolution de conflits cognitifs qui déstabilisent les conceptions premières permettent l’apprentissage). Elle attribue un rôle essentiel à la culture et à l’environnement social.
L’enfant doit s’approprier le monde pour se développer. C’est l’interaction avec son environnement (parents, autres apprenants, enseignants) qui lui permet l’acquisition de nouvelles connaissances. Ce processus d’acquisition va du social à l’individuel, des connaissances interpersonnelles (communes au groupe) aux connaissances intrapersonnelles (connaissances élaborées seul ensuite), et non l’inverse : «Ce que l’enfant sait faire aujourd’hui, en collaboration, il saura le faire tout seul demain ».

le modèle d’enseignement

les présupposés :
– le savoir ne se transmet pas mais se construit activement ;
– les interactions avec le milieu environnant sont primordiales dans le processus de construction des connaissances ;
– il faut des obstacles (accessibles) à surmonter pour susciter l’apprentissage ;
– l’adulte (parent, éducateur, enseignant) joue un rôle de médiateur entre l’apprenant et son milieu.

l’enseignement :
– l’enseignant pratique une pédagogie centrée sur l’individu ;
– il organise une autoconstruction active des savoirs en favorisant la recherche, l’expérimentation dans le cadre des situations/problèmes qu’il propose ;
– il veille à ce que les apprentissages se déroulent dans la zone proximale de développement de l’élève : les tâches à accomplir ne doivent être ni trop difficiles, ni trop  faciles ;
– il facilite et soutient une organisation coopérative de la classe qui permet les interactions, les échanges avec les autres et les conflits sociocognitifs de confrontations des points de vue ;
– il accompagne et soutient l’apprenant dans sa démarche d’auto socioconstruction des savoirs.

L’apprentissage
– la connaissance est construite par l’apprenant. Il est amené, lors des situations de conflit cognitif qui occasionnent un déséquilibre, à revoir ses conceptions antérieures.
– l’apprenant est actif dans son apprentissage : il s’implique plus, expérimente, recherche.
– l’apprenant apprend au travers des interactions avec ses pairs, l’enseignant et avec son environnement lors de situations de conflit sociocognitif.

 Cette démarche met en avant le rôle fondamental de l’interaction sociale dans le développement des savoirs et des connaissances.
La zone proximale de développement (ZPD), la métacognition, le conflit sociocognitif et les situations d’apprentissage sont des concepts clés de l’approche socioconstructiviste.
L’apprenant est actif, réactif, mais pas proactif : il n’est pas l’initiateur premier de ses actions ni guidé par un projet personnel initial.

Jérôme Bruner

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théorie

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 Cette démarche

la motivation

Avoir envie de, être intéressé, être curieux de, trouver du plaisir à, avoir besoin de savoir, s’engager dans, être attentif, persévérer, renoncer… tous ces termes sont des expressions souvent utilisées pour parler de la motivation humaine, de la motivation scolaire et de l’apprentissage en particulier. La sagesse populaire dit que « Quand on est « motivé », on apprend mieux, plus facilement. » Qu’en est-il vraiment ?
La recherche scientifique en psychologie propose plusieurs modèles théoriques en lien avec les phénomènes de la motivation et ses relations avec l’apprentissage. Ils ne constituent pas des modèles d’apprentissage en soi, mais ne peuvent être ignorés.
Parmi eux, (le chercheur F. Fenouillet* en dénombre plus d’une centaine !), c’est la Théorie de l’Autodétermination qui nous apparaît comme la plus prometteuse : les motivations autodéterminées ont des conséquences très favorables sur les apprentissages, ainsi qu’au bien-être de l’enfant.